De Marbre et de Plume - Préface par Manu Berk

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AVALANCHE
SUR MARBRE NOIR

“Peindre m’a ouvert les yeux » affirmait, il y a peu, Georges W. Bush.
Voilà comment les beaux livres d’art commencent : soit par une citation absurde, soit par un auteur barbare.
Alors nous, on mixe les deux.
De marbre noir.

Carambolage / Fracas / Silence.
L’artiste est là, dessinant.
Pas de morts, mais du romantisme : épopée graphique.
Absurde comme le monde, vieux comme l’art, heureux comme un arbre.

Ici commence la lumière de votre station service.

Nix Nolte vient poser des ombres sur sa propre caverne et manipule lui même ses propres fantômes, pour ne pas dire « illusions ».
Platon est mort, avant Nietzsche, qui lui est mort avant le Super Bowl.
Les ombres s’agitent sous le drap du monde et s’excitent au doigté. Perte d’équilibre, voilà ce qui vous attend, une avalanche de poudre noire.
America !
Bush n’a rien à voir là dedans. Il est hanté.
Comme toutes les introductions de livres d’artistes.

Couper les ailes pour en faire des paillasses.

La plume de Nix Nolte danse avec ses propres paillassons, poèmes fantomatiques dans un requiem halluciné. On avance au fur et à mesure dans ce travelling black métal et on titube entre les cadavres et les nuages. Il n’en faudra pas plus.
Cinéma.

Voilà ce qu’il en est du propos, une profusion de références cinématographiques dans un registre sombre et poétique.
La plume et l’encre se dribblent sur le marbre, simulacre pervers, obsédé, blockbuster sans trucages.

Il ne manquait plus que les princes du pétrole : You need money, we’ve money...

Ils ont acheté tout ce que tu croyais posséder, et maintenant ? Ils cherchent à acheter ce que tu es.  
La fin de l’histoire de l’âme, vendue à Babylone pour le prix du gazole.
Un tyran nommé désir.

Nix Nolte titube entre la vente d’âme aux pétroliers, le dessin américain et le football bulgare : Pettibon et Stoichkov dans un after du déjeuner sur l’herbe.
Gin-tonic.

La poésie de Nix rentre par la porte automatique, et s’en sort par des blagues qui n’ont ni queue ni tête. C’est parfois comme cela qu’il faut prendre les choses : ni par la queue ni par la tête, vous avez le choix. On arrive alors en taxi sur Dada.
Ne faut-il pas secouer ses propres rêves pour se remuer au réveil ?

Riposte : qui pelote s’y frotte.
Miss Sauvage prépare un coup, seule dans son soutien-gorge, rouge-gorge sur la kalash.
Que peut-elle faire ?
Il est parfois difficile de tirer sur son propre désert.
Elle n’a plus qu’à buter ses démons.
Dracula ou Duchamp ?

Il faudrait un peu se dire les choses maintenant :
entrez dans ce recueil de prières noires, vérifiez votre regard comme l’on vérifie les lumières : la clarté de la malice / warning incessant / clairvoyance...
L’ensemble clignote, variant les nuances, pour vous prévenir des démons...
Vaudou malin, l’esprit en jeu, qui vrille et qui palpite tel un maître fou.
Nix trompe l’œil, comme la plume dans la lumière. Profitez donc de ce moment de calme dans la volupté.

Si vous sentez des picotements derrière la nuque c’est que vous avez été marabouté, et qu’il n’y a plus que le rire pour vous soigner, mais je signale au passage que l’art de Nix Nolte ne protège pas des manipulations mentales.

Maracanã.

Nix Nolte signe alors ses images comme un théâtre de paysage brut et poétique qui frôle l’Objet Non identifiable.
Refuge extraterrestre, et sold out.
Des nuances aussi que l’on rencontrera au bord du bout des mondes.
Nous sommes alors embarqués à l’ombre d’un salopard qui joue sa meilleure pièce.

Maintenant je pense que vous pouvez vous jeter sur la première page.
Le biscuit est tombé, je répète, le biscuit est tombé, nénuphar appelle colombe.
La voie est libre !

Manu Berk,
Février 2016